Confinement d’une dame française

Che bella sorpresa constatare che  il nostro blog varchi i confini e attiri l’interesse di persone che parlano lingue diverse da quelle solitamente usate nei nostri articoli e commenti. In verità, tale è l’obiettivo che ci siamo proposti fin dall’inizio e che finalmente incominciamo a vedere realizzato. Questo è il mondo a cui l’umanità deve tendere ed aspirare: non la creazione delle barriere e delle chiusure,Marie- Andrée Aptel ma il loro abbattimento. Non ci sono altri modi per comprenderci ed accettarci.  La nostra ospite ed amica, Marie-Andrée, francese,  non è estranea alla cultura dei nostri Paesi. L’Italia e la Polonia, per diversi motivi sono state sempre presenti lungo il percorso della sua vita, dunque, è comprensibile che la vocazione del nostro blog abbia magnetizzato la sua attenzione. 

Grazie Marie-Andrée! Benvenuta nella nostra famiglia e tra i nostri amici, da stasera l’elenco dei tuoi contatti si allungherà di molto ed arrivederci a presto. Grazie ed auguri!

Petit récit du confinement d’une  presque vieille dame à Moussey dans les Vosges, petit village en fond de vallée, non loin du Grand Donon et de son temple gréco-romain.

 

Ecrire. Sur la vie d’une confinée. J’avais pensé le faire dès le début de cette étrange période. Puis j’y ai  renoncé. Je ne voyais ce que je pouvais dire de très original dans un tel contexte.  Que puis-je dire qui puisse intéresser un hypothétique lecteur ? La vie est-elle si extraordinaire dès lors que l’on ne peut plus mettre le nez dehors, sinon muni d’une auto-attestation indiquant la nécessité d’une sortie.     Internet déborde de ces récits, plus ou moins romancés. Certains parlent de l’ennui, notamment pour ce qui touche les enfants. L’ennui comme d’un ennemi à combattre. Alors que justement non. L’ennui est salutaire. Il permet de lâcher prise.

J’ai lâché prise depuis presque 4 ans déjà : Je suis en retraite. Je suis coupée de mes anciens réseaux. On peut considérer que cette position a quelque part un avant-goût de confinement.  Cela fait quelque  temps que je n’ai plus le même rapport au monde. On est à côté, ou alors au-dessus, en dehors, les évènements n’appellent plus les mêmes réactions ou les mêmes réflexes. La retraite, c’est un coup d’arrêt à beaucoup de choses. Le confinement, c’est aussi un coup d’arrêt, bien que ça ne concerne pas tout le monde, car certains sont obligés d’aller travailler… Je pense à tous ces gens qui eux n’ont pas eu le temps de se préparer à être enfermé chez eux. Cela leur est tombé dessus sans crier gare. Quelle veinarde je suis en fin de compte !

Alors le confinement… Ça n’a  pas bouleversé ma vie. Je m’y étais préparée sans le savoir.  Dans mon petit village, dans le « trou du cul du monde », comme disent ceux qui vivent dans les villes, je suis éloignée du bruit, de la pollution, des foules.  Je regarde la rue par mes fenêtres, je n’y vois pas moins de circulation, je vois et j’entends l’usine d’inox fonctionner, comme d’habitude. Les camions de grumes traversent le village à fond la caisse, comme d’habitude.  Très peu de gens se promènent dans la rue, comme d’habitude. Le village-même est isolé. Mais je dois reconnaître que c’est pour moi un isolement tout relatif : j’ai là la voiture qui me permet d’aller où je veux, en temps normal, internet… heureusement qu’il y a l’internet et une belle nature préservée, même si pour le moment je ne peux en profiter.

Et mon fils en l’occurrence qui est là. Je ne suis même pas seule.

Nous voilà donc sommés  de rester à l’abri dans nos maisons, mais nous ne sommes pas aux abris.  Ah non,  Ce n’est pas la guerre, comme d’aucuns le clament. Je n’ai pas connu la guerre. Je ne tiens pas la connaître. Ma mère l’a vécue. Les jours et les nuits à vivre et à dormir dans la cave, sur des sacs de pommes de terre, puis l’exode, dans la neige, sa maison incendiée, au centre d’un paysage apocalyptique.  Alors ne parlons pas de guerre. Personne n’a à craindre de perdre brutalement la vie en mettant le nez dehors. Ce que l’on risque surtout, c’est d’être verbalisé. Il s’avère que les contraventions, ça pleut comme à Gravelotte.

Je savais que des virus, il y en a partout. Ils vivent avec nous et la plupart ne présentent aucun danger. Ce n’est donc pas un ennemi. Le virus n’est pas un ennemi. Ce qu’il ressort du confinement, c’est en fait que c’est l’être humain qui pose question. Je vois, je lis les témoignages : la nature retrouve ses droits. Les animaux reprennent le terrain. Ils sont déjà chez eux ici.

Le village où je vis le plus souvent connaît son apogée de population quand les résidences secondaires sont occupées, en été.  Pas de touristes parisiens ici, seulement des Strasbourgeois. C’est un village calme, où l’air est pur, où l’eau ruisselle, où l’œil exercé peut voir des truites dans les rus aux eaux rapides.  Je suis allée marcher dans mon ruisseau, il y a quelques jours. Pas longtemps. Les cailloux sont glissants. Ce serait bête de se casser la figure en cette période où les secours ont autre chose à faire que vous secourir. Et même le reste du temps, devrais-je dire. De tous côtés, il y a des arbres, la forêt en arrière-plan. Et ses multiples sentiers désertés. Ca me manque de ne pouvoir m’y promener.

Le confinement nous a offert des journées de véritable beau temps. De beaux après-midi, comme celui de ce dimanche 10 mai, veille de la Libération, pas celle du 8 mai, celle du 11 ! Les yeux fermés sur mon transat. J’écoute les chants des oiseaux, le doux clapotis de l’eau du ruisseau. Ah, celui-ci, ne rugit plus comme cet hiver. Quelques bribes de voix dans l’air. Ah voilà le couple de canards qui passe. Toujours au-dessus de ma tête. « Coin coin » saluent-ils ! Bruit d’air froissé. Je me fonds dans la nature endormie. Je respire.

La durée du jour s’est allongée. A 9 heures du soir, il ne fait pas nuit. La journée a été anormalement  douce. Oui c’est le printemps, un drôle de printemps. Ses fleurs sont arrivées à notre insu. Elles ont éclos sans témoins. Les arbres du verger n’ont pas attendu pour semer à tout vent les pétales de leurs  fleurs. Mon « Anny Duperrey » est plein de roses jaunes, belle surprise qu’il m’a faite au tournant du coin de la maison. La Menthe en a profité pour s’étaler… Les ciboulettes ont disparu.

Les orties sont toujours à leur place. Je les caresse dans le sens du poil lorsque je les cueille. J’en fais surtout de la soupe. Presque tous les soirs depuis qu’elles sont ressorties de terre. Cette plante farouche présente  énormément de douceur, une fois cuite, c’est du velours.

La musique que J’écoute, c’est le chant des oiseaux. Ils sont bien à l’abri dans les troènes. Je reconnais le merle, la mésange. La corneille aussi, qui vient effrayer tout ce petit monde. Un soir, j’ai entendu un cri rauque. C’était un oiseau de nuit. Il y a encore des chouettes dans cette vallée. En l’occurrence,  le confinement  fait que les citadins retrouvent les bruits de la nature, ai-je entendu dire. C’est un énorme avantage. Ici, je les entends toute l’année, en ce moment-même, les  grillons stridulent à qui mieux-mieux. Quand j’étais enfant, je les chatouillais avec un brin d’herbe pour les faire sortir de leur trou. Je me demande si toutes ces petites bêtes seront toujours là dans 100 ans. Elles sont en danger dans ce monde déjanté. Je préfère les écouter plutôt que d’allumer la radio ou la télévision. En effet, entendre parler toute la journée de ce satané virus, c’est lassant à force. Ce que le confinement m’a confirmé, ce sont les bienfaits du silence. Le silence, je l’aimais déjà. Mais les circonstances font que je l’apprécie encore plus. Enfin, c’est un silence tout relatif ! Puisque les oiseaux chantent !

Comme je le disais ci-dessus, beaucoup de confinés se plaignent de l’ennui et de la solitude. Ce n’est heureusement pas mon cas.  Je passe beaucoup de temps à remonter le temps.  En généalogie, je rejoins mes ancêtres. Je stoppe le temps présent.  Je vole au-dessus des maisons, des prés, des champs. J’aime les noms que l’on donnait au moindre bout de terrain : Chaude Fontaine, La Souffrance, le Pré des Mortes, Hérifoigneux, le Bambois des Ejols, aux Fexes quatre sous, Maie Joly… On les trouve sur les cartes topographiques anciennes.  La plupart de ces toponymes n’ont plus cours, abandonnés, oubliés.  Les noms de lieux reflètent la manière dont a été habitée et exploitée la terre. En l’espace de quelques dizaines d’années, presque tous les habitants dans les montagnes l’ont abandonnée, cette terre.  Cependant les noms continuent à murmurer, les traces à parler : les anciens chemins, les murets de pierre, les sources, les quelques pierres qu’il reste d’une maison. J’aime bien aller sur place découvrir ces lieux, difficilement accessibles parfois.  Ça me fait rêver.

Le confinement ne me laissera pas un souvenir indélébile.  Comme tout un chacun, j’en vois la fin avec plaisir. J’aime la liberté.

Cette période a conduit nos « dirigeants » à limiter certains de nos droits. Le monde d’après sera-t-il comme celui d’avant, sur ce plan des libertés ?

Poursuivra-t-il  la course aveugle à sa perte ? Saura-t-il réorienter son cours, tirer les leçons de l’alerte ?

Confinement sur ces questions, pas question…

Moussey, Le 17 mai 2020

 

Marie Andrée Aptel

 

 

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